
« Social Choice and Individual Values (…) c’est comme dans un album d’Astérix, à chaque fois que je m’y replonge, c’est un nouveau passage qui attire mon attention » (Extrait du podcast avec Antoinette Baujard)
J’ai la même impression qu’Antoinette lorsque je me replonge dans l’ouvrage d’Arrow, à la seule différence que pour moi, ça serait comme dans un album de Mafalda. J’ai décidé d’interviewer Antoinette Baujard parce que je connaissais son parcours dans la théorie du choix social et son intérêt pour les expérimentations en laboratoire lors de chaque élection présidentielle française. Mais si j’avais retenu quelque chose du travail d’Antoinette, c’était son article : « L’économie du bien-être est morte. Vive l’économie du bien-être » (2017). Pour moi, cet article a été édifiant. Je l’ai lu lorsque j’ai commencé ma thèse en 2018 et je m’y suis replongé plusieurs fois pendant mes recherches. Je peux dire que cet article a été l’une de mes sources d’inspiration pour cette pause économique !
Cette pause économique comporte deux parties. Dans une première partie, Antoinette Baujard nous parle principalement du passage de « Social Choice and Individual Values » qui lui a semblé le plus intéressant, de l’influence qu’a eu le théorème d’impossibilité d’Arrow sur sa carrière d’économiste et du pessimisme entourant le résultat d’Arrow dans les années 50.
Quelques extraits qui m’ont marqué de cette première partie :
« En découvrant le théorème d’Arrow, j’ai compris que j’avais fait le bon choix avec l’économie car c’est bien la discipline qui me permettrait d’étudier dans le détail à quelles conditions, au sens large, une décision collective peut ou non dépendre ou prendre en compte les points de vue des membres de la société »
« Si le livre d’Arrow n’avait pas existé, la théorie du choix social n’aurait pas existé (…) je n’aurais donc pas eu grand-chose à dire sur la démarcation entre le positif et le normatif, sur la politique et l’économique, sur les faits et les valeurs dans notre discipline. En gros, je ne ferai rien de ce que je fais aujourd’hui »
« Au moment de la publication de ce résultat (…), certains y verront l’impossibilité de la démocratie électorale. D’autres y verront l’annonce d’une impossibilité embarrassante pour la science économique (…) »
Dans la deuxième partie de notre pause économique, Antoinette nous propose comment dépasser le théorème d’impossibilité.
Elle se concentre sur l’explication de l’assouplissement de deux conditions : la condition de domaine universel et la condition d’indépendance aux options non pertinentes. Bien que ces sujets puissent vite devenir techniques, Antoinette s’efforce de les rendre accessibles.
Quelques extraits qui m’ont paru importants de cette deuxième partie :
« Arrow s’est dit qu’il utiliserait des relations binaires pour représenter les préférences individuelles plutôt que des fonctions d’utilité cardinale. Comme ça, pas de risque d’être tenté de faire des comparaisons interpersonnelles d’utilité. Mais au final, en faisant cela (…), on ne sait pas grand-chose de ce que pensent les individus. C’est une pauvreté informationnelle assez forte (…) »
« La règle de Borda et le jugement majoritaire permettent d’arriver à une décision collective, mais pas la même. On n’a toujours le même classement des candidats si l’on change les règles, parce que, si l’on change les règles, on change les conditions normatives qui nous ont conduits à choisir une règle (…) »
Si vous souhaitez en savoir plus sur ma pause économique avec Antoinette Baujard, n’hésitez pas à écouter les deux parties de ce podcast.

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